1.2 Critères de la grammaire

Tr?s t?t, l’id?e d’opposer crit?res formels et crit?res s?mantiques s’est fait jour, m?me si elle n’a pas ?t? aussi largement exploit?e qu’elle le sera au XX^e si?cle. L’h?ritage d’Aristote, quant ? la d?finition des cat?gories du discours, impose ? la grammaire traditionnelle des d?finitions s?mantiques qui pr?sentent toujours des insuffisances. D’une part, elles ne permettent pas d’identifier tous les objets de la classe; d’autre part, elles ne permettent pas de distinguer la classe de toutes les autres classes.

Ainsi, prenons une d?finition s?mantique du sujet: la cat?gorie – homme, animal ou chose – qui fait l’action exprim?e par le verbe. On peut trouver deux types de contre?exemples: un sujet qui ne fait pas d’action – la maison dans «la maison re?oit une bombe» – et une cat?gorie qui fait l’action sans ?tre le sujet – Pierre dans «cette hypoth?se a ?t? d?truite par Pierre». En ?gard ? cette critique, la recherche grammaticale du XX^e si?cle tentera d’?tablir une r?flexion appuy?e sur des crit?res formels en tenant compte des r?gles de fonctionnement dans la langue: on dira alors que le sujet est la cat?gorie nominale qui ne peut se supprimer, qui donne son accord au verbe, qui peut s’interroger au moyen de «qui?» ou de «qui est?ce qui?», ?tre remplac?e par le pronom «il», «elle», «ils» ou «elles», devenir «qui» dans une relative, ou compl?ment d’agent dans une phrase passive. La grammaire peut ?tre alors un outil de r?flexion critique sur la langue.