1.1 Histoire de la grammaire
La grammaire est d?finie comme la science qui se propose de montrer la structure d’une langue et les m?canismes du langage, d’expliquer les r?gles de changement et de combinaison des mots formant un ?nonc? (une phrase). La grammaire se subdivise en deux parties: la morphologie qui ?tudie les changements des mots et la syntaxe, science de la combinaison des mots en phrases.
Les anciennes civilisations n’ont pas toutes d?velopp? une pens?e grammaticale. Ainsi, parmi les peuples de l’Antiquit?, seuls les Indiens et les Grecs semblent avoir eu une telle r?flexion sur la langue. C’est aux Indiens que l’on doit la premi?re grammaire, celle de Panini (Ve ou IVe si?cle avant J.?C.), sur le sanskrit. Quant aux Grecs, on leur doit ? la fois le nom m?me de «grammaire» – le terme grammatik? tekhn? appara?t chez Platon, les termes d’une querelle philosophique qui parcourra toute l’histoire de la grammaire – l’opposition entre r?gles naturelles et conventions – et la d?finition des «parties du discours» – Aristote ?tablira la distinction entre nom et verbe, essentiellement en termes logiques, la cat?gorie des conjonctions et la distinction des genres et des temps, tandis que les sto?ciens donneront une liste de huit «parties du discours».
Les Romains continueront dans cette voie, de m?me que le Moyen ?ge, qui poursuit la r?flexion sur le latin en ne s’int?ressant que peu aux langues vulgaires. La Renaissance voit cette ?tude se g?n?raliser, ? l’?poque o? le fran?ais devient la langue officielle du royaume – par l’ordonnance de Villers?Cotter?ts, en 1539. Le XVIIe si?cle conna?t essentiellement deux tendances grammaticales: la tendance normative avec Malherbe et Vaugelas; la tendance rationaliste avec la Grammaire de Port?Royal. D?signation habituelle de l’ouvrage publi? en 1660 par Claude Lancelot et Antoine Arnauld, sous le titre de Grammaire g?n?rale et raisonn?e. Traitant d’abord des sons et de la parole, puis des usages de la langue, la grammaire distingue le niveau de la langue parl?e et celui des principes qui r?gissent le fonctionnement de cette langue. Le linguiste am?ricain N. Chomsky a vu dans cette d?marche l’annonce de la distinction moderne entre structure de surface et structure profonde.
Le XVIIIe si?cle voit le d?but du renversement du rapport langue / pens?e, donc l’id?e d’une ?tude autonome de la langue non soumise ? la pens?e.
Le XIXe si?cle sera celui de la grammaire compar?e, o? seront ?tablies les lois sur la parent? des langues, avec en particulier les recherches sur l’indo?europ?en. Mouvement apparu en Europe au d?but du XIXe si?cle, la grammaire compar?e ?tudie le degr? de parent? existant entre les diff?rentes langues du monde, anciennes ou modernes, et tente d’?tablir les relations entre celles?ci et les langues originelles dont elles proviendraient.
Ce n’est qu’au XXe si?cle qu’on rencontrera des exigences proprement scientifiques, et que la r?flexion grammaticale prendra place dans la science du langage, la linguistique.
Les principaux courants grammaticaux de la linguistique du XXe si?cle partagent ce postulat du primat de la forme. Il s’agit du fonctionnalisme ou structuralisme europ?en, qui part d’une d?finition de la langue comme instrument de communication, d’o? il d?finit les caract?res n?cessaires ? l’exercice de cette fonction; du distributionnalisme ou structuralisme am?ricain, fond? sur l’id?e que toute unit? de langue est d?finie par sa «distribution» dans la phrase, et peut donc ?tre ?tudi?e au moyen des contextes dans lesquels elle appara?t; de la grammaire g?n?rative, qui fonde sa description de la langue sur la distinction entre structures profondes et structures de surface. En outre, la grammaire g?n?rative comporte un postulat philosophique concernant l’inn?isme de la langue, repris pour l’essentiel ? la philosophie fran?aise du XVIIe si?cle
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