4.1 Les descriptions actuelles des parties du discours
Faire le tour de toutes les productions r?centes dans le seul rayon des grammaires de r?f?rence serait une entreprise trop vaste et pas n?cessairement indispensable. Il semble pr?f?rable, dans le cadre de cette mise au point sur la didactique actuelle de la grammaire, d’illustrer le propos en faisant l’analyse comparative de quelques cat?gories, qui restent discutables sur un plan ? la fois descriptif et didactique. Faute d’espace, nous nous limiterons aux parties du discours et ? la conjugaison, qui m?ritent bien qu’on s’interroge ? leur sujet. Il va sans dire que nombreux autres probl?mes demanderaient ? ?tre trait?s, tels que le genre des noms, la place des adjectifs et des pronoms, le fameux accord du participe pass?, etc., sans oublier orthographe, cette institution dont la probl?matique a encore fois ?t? remise ? jour dans le nouveau d?bat sur les rectifications ent?rin?es en mai 1990 par l’Acad?mie fran?aise ? ce qui met fois de plus la didactique du fran?ais devant un dilemme ? r?soudre, vieux d’un si?cle et demi.
Dans les ouvrages de r?f?rence courants comme les dictionnaires et les grammaires, la division des mots en esp?ce ou parties du discours est pr?sent?e sans ambages aux usagers, comme si elle allait de soi, comme si elle existait de tout le temps et n’?tait pas ou plus ? discuter. On observe toutefois des tentatives de renouvellement dans quelques grammaires de r?f?rence.
Dans la pr?sentation actuelle du Nouveau Petit Robert (1993, mise ? jour 1994), Josette Rey?Debove et Alain Rey traitent de tout (objet et contenu du dictionnaire, graphies et prononciations, d?finitions, etc.), sauf de l’esp?ce des mots ? bien que toutes les entr?es du dictionnaire alphab?tique soient d’abord identifi?es ? l’une des neuf esp?ces traditionnelles. Dans le «Tableau des signes conventionnels et abr?viations du dictionnaire», les neuf esp?ces de mots sont list?es en ordre alphab?tique («adj.: adjectif»), sans plus (alors que d’autres mots, l’apposition, par exemple, y sont d?finis). C’est dans le dictionnaire m?me qu’il faut aller chercher les d?finitions des mots adjectif, ?pith?te, attribut, substantif, qualificatif, d?terminatif, qui font partie du jargon grammatical, ? leur place alphab?tique respective, comme c’est le cas pour tous les autres mots de ce m?talangage.
Celui?ci est ?galement pris pour acquis dans les grammaires de r?f?rence du fran?ais actuel. Une place pr?pond?rante y est r?serv?e aux parties du discours, et leur division en chapitres, qui suivent un certain ordre habituel, est g?n?ralement articul?e sur les m?mes huit ou neuf esp?ces de mots. C’est ce que l’on trouve dans La nouvelle grammaire du fran?ais (Dubois et Lagane 1993), par exemple.
Il faut bien dire cependant que les traditionnelles parties du discours, malgr? un universalisme apparent, ne r?sistent pas ? une analyse critique: «le jugement est, on le sait, globalement n?gatif et le discours dominant tourne volontiers au proc?s» (Lagarde 1988: 93). Les accusateurs sont prestigieux et nombreux (Bloomfleld, Brunot, Hjelmslev, Jespersen, Martinet, Pottier, Sapir, Tesni?re, Vendry?s, etc.) et les chefs d’accugation sont s?rieux et ?galement nombreux. Les crit?res de la partition traditionnelle sont h?t?rog?nes (soit s?mantiques, syntaxiques, morphologiques ou encore logiques), les d?finitions sont insuffisantes et se recoupent (le nom et le verbe, par exemple, ce dernier ?tant d?fini comme un mot d’action), les classes de mots ont une division arbitraire (celle des adverbes en particulier), plusieurs mots participent de classes diff?rentes (comme, que, si, etc.), l’ensemble manque d’une organisation syst?matique (c’est une ?num?ration, sans logique interne), etc. (Lagarde 1988: 93?112). Il n’est donc pas ?tonnant que dans quelques grammaires de r?f?rence du fran?ais actuel l’on assiste depuis quelque temps ? des tentatives d’am?lioration.
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